Et soudain...

Publié le par Simsette

Un souvenir.


J’entre. Chez elle, c’est toujours chez son grand-père, c’est là qu’elle vit quand elle vient à Paris, mais moi je vois toute autre chose. Je vois la table. Et je pense à ce jour, il y a presque deux ans, la veille de la rentrée de notre deuxième année. Un contrôle était prévu et nous étions là pour réviser. Comme souvent, nos fiches respectives, surcoloriées, étaient étalées, cette fois-ci, c’était sur cette table. Au lieu d’apprendre, on avait beaucoup parlé, de cette année qui s’annonçait, et qui allait être dure, et comme on avait pas envie, et comme on était bien là toutes les deux et comme c’était triste le motif pour lequel on s’était réunies…travailler…c’était alors notre lot quotidien. C’est tellement loin.


Puis je suis partie. Je sors de l’immeuble, et je tire cette porte, qui se ferme mal, et que j’ai tiré tellement de fois quand je venais la chercher le matin, j’entrais car je connaissais le code, et je ressortais, elle était toujours en retard, et moi si souvent en avance, alors je partais et  tirai cette porte. Puis j’ai parcouru la rue. Une bonne année déjà que je n’avais pas fait ce chemin. Mais mes pieds avançaient tous seuls. Je le connais par cœur. Je le parcourais avec la légèreté de se dire que l’on est en weekend et le poids du boulot qui m’attendait, aussi au sens propore car je portais les livres, les cahiers, je rentrai.
J’avançais hier, et je me souvenais. C’était pareil, mais c’était différent. Au feu, il faut traverser, rejoindre le métro. Ensuite les escaliers, le tourniquet, d’autres escaliers, le quai. Il faut aller en tête. C’était pareil. Mais j’ai eu un métro tout de suite. C’était différent, avant, j’attendais toujours, mais je préférais, avec tous mes sacs, il me fallait de la place et du temps pour monter. Opéra.
La descente au rer. Sociologiquement c’est une vraie expérience de passer du métro 3 qui circule dans le 17ème arrondissement (des plus chics) au rer A, qui circule en banlieue.  Sociologie, je pourrai en parler des heures…une autre fois ! C’était pareil, j’ai pris les escaliers. Mais c’ était différent, l’escalator était en panne, je n’avais pas cette petite sensation qui me disait « moi je prends l’escalier, car je suis plus forte d’abord, et puis je veux aller vite ! Je veux rentrer, j’ai du travail, moi ». C’était pareil, toujours ce petit liquide rouge immonde qui coule le long des escaliers, et pour rien au monde je ne voudrai savoir ce que c’est, ni ce qui lui donne cette couleur marronâtre. Mais j’aime bien. J’ai pas peur du sale, je ne suis pas une précieuse^^   Mais c’était différent, pour passer les portillons, ce n’était pas l’heure de pointe, et puis là, j’avais mon pass Navigo (dung !) et non pas mon éternel ticket (Paris- Massy-Palaiseau, via Antony). Le quai du rer, c’était pareil. Des gens d’origines différentes, et non pas des clones de bourgeoises, comme en haut, dans le métro. Des gens de couleur. Mais c’était différent, parce qu’avant, je me sentais chez moi en voyant ça, j’étais rassurée. Maintenant, que je vis en permanence dans ce monde lisse, superficiel et ultra friqué, jme suis dit que j’avais fini par leur ressembler un peu, à ses clones. C’est horrible.
C’était pareil, il faut monter et aller à la porte de l’autre côté, ça ne s’ouvre pas du même côté à Châtelet. Mais c’était différent, à nouveau ce n’était pas l’heure de pointe et il n’y avait pas les voix automatiques « laisser descendre avant de monter », ni les gens aux gants jaunes qui entassent les gens et vérifient la fermeture des portes. Châtelet, deuxième rer. Et là, c’est la routine, le rer B lui, ne fait pas partie du souvenir, je le prends trop souvent.


Périple d’une préparationnaire banlieusarde rentrant chez ses parents. L’étudiante nantaise de 20 ans se dit que c’est bien loin….

Ps : désolée pour cet article un peu parisien, mais c’est là que ça se passait ☺ et aussi pour celles qui vivent dans le 17ème  ou y prennent le métro 3….c’est un ressenti, pas une vérité universelle. ;)
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A
C'est étrange le passé. Il est là, il rôde, on en a des souvenirs prêts à émerger... mais ils restent dans notre cerveau. On a l'impression que tout va recommencer, mais non, ça change. Ca a changé. Même malgré nous.<br /> J'aime bien ce que tu écris. Et puis même si c'est un ressenti, j'adopte totalement le point de vue.
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C
J'aime vraiment bien ce que tu écris...<br /> Tout ce périple me semble "un peu" étranger, mais ca ne fait rien. Je connais ce que cela fait que de rentrer faire le grand écart entre deux "mondes" si éloignés. Ne vouloir ressembler à aucun des deux tout à fait, mais en faire un mélange harmonieux... Je crois que ca forge une certaine tolérance puisqu'on connait, un peu, les différences.
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A
:D<br /> ca vaut bien que je laisse un commentaire (moi, sur un blog, t'as vu ca)<br /> j'adore!<br /> <br /> <br /> PS: "elle, toujours en retard" pff même paaas
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A
Alalaaaaaaaaaaaaaaaa ça me rappelle l'époque où j'habitais en région parisienne et que je passais un temps fou dans les transports en commun ! Ça me manque quand même un peu...
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S
J'aime bien, au contraire, le souffle parisien qu'on ressent en lisant cet article !<br /> <br /> Bisous à toi !
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